La saga change de titre : OCTOPUS devient KONJŌ

Il y a des décisions qui s’imposent. « OCTOPUS » était un nom de travail, un cocon temporaire, utile, mais qui ne disait rien de l’âme véritable de cette histoire qui se déroule à Osaka, au Japon. Il fallait un mot qui sonne juste. Un mot capable de porter le poids des protagonistes, de leur lutte, de leur vérité intime. Ce mot, je l’ai trouvé dans la langue japonaise : « KONJŌ ».

KONJŌ (根性) signifie bien plus qu’un simple « caractère ». C’est une force intérieure difficile à définir, mais impossible à ignorer. C’est le cran, la ténacité, la détermination. C’est ce qu’on appelle parfois, un peu trivialement, « avoir des tripes ».

Mais KONJŌ va plus loin que cela : il renvoie à cette part de soi qui résiste quand tout vacille.

Le mot se compose de deux kanji.

  • 根 (kon) : la racine.
  • 性 () : la nature, l’essence d’un être.

KONJŌ signifie donc littéralement une « nature enracinée », une force qui émerge dans l’adversité.

Ce mot, je l’ai choisi parce qu’il incarne Lucie, mon héroïne. Elle affronte des vents contraires : l’expatriation, le déracinement, les quêtes intérieures qu’on ne mène que seul, même entouré. Mais KONJŌ, c’est aussi ce qui définit les nintaïens – ces figures de résistance, qui s’expriment parfois dans la violence et la marginalité, qui refusent de se fondre dans le moule de la société nipponne.

Chacun à sa manière. Et moi, en les écrivant, je m’y accroche aussi.

Changer de titre, ce n’est pas anodin. C’est une déclaration d’intention. Avec KONJŌ, je voulais dire quelque chose au lecteur :

Tu peux plier, mais ne romps pas. Tiens bon. Et même si tu tombes, il y a une forme de victoire dans le fait d’avoir tenu, malgré tout. Tu en sortiras transformé. Tu auras appris quelque chose de toi.

KONJŌ, c’est le titre de cette saga qui porte en elle un message de courage.

Et c’est, je crois, tout ce que j’espère offrir à travers cette histoire.

Pourquoi le symbole de la pieuvre ?

Le choix d’un symbole n’est jamais anodin, et « KONJO » ne fait pas exception. Jusqu’en juin 2025, la saga était nommée « OCTOPUS ». Ce nom, chargé d’évocations, reflète à la fois l’atmosphère du récit, les thèmes abordés et les défis auxquels les protagonistes sont confrontés.

1. Une créature ancrée dans le folklore japonais

Dans l’imaginaire collectif japonais, la pieuvre est une figure fascinante et ambivalente. Très présente dans les légendes et les représentations artistiques, elle est souvent associée aux yokai, ces créatures surnaturelles – souvent des démons et des monstres – qui peuplent les contes nippons. Avec ses tentacules ondoyants et sa capacité à se fondre dans son environnement, elle incarne la dualité de la nature : à la fois mystérieuse et redoutable, adaptable et insaisissable.

2. Un clin d’œil à Osaka, ville portuaire

L’histoire prend place à Osaka, une ville fortement liée à la mer. Mégapole portuaire, elle a toujours été un carrefour de commerce et d’échanges, un lieu où les cultures se mêlent et où les influences maritimes sont omniprésentes.

3. Une allusion à l’emprise et à l’influence du milieu underground

Avec ses nombreux bras, la pieuvre évoque aussi une structure omniprésente et difficile à fuir. Ce n’est pas sans rappeler le mode opératoire des yakuzas, ces organisations criminelles qui, à certaines époques, ont tissé des réseaux d’influence insoupçonnés au sein de la société japonaise. Dans « KONJO », ce parallèle prend tout son sens, car les protagonistes pourraient bien être amenés à croiser leur route…

4. Une métaphore pour la protagoniste principale

Enfin, au-delà de son ancrage culturel et narratif, « KONJO », en exploitant le symbole de la pieuvre, est aussi une image que la protagoniste principale s’attribue elle-même. Bien vite, elle se décrira comme une pieuvre, créature transformative prête à changer de couleur pour s’adapter aux situations qui se présentent à elle. Dans son parcours d’expatriée, elle devra ainsi composer avec un environnement souvent imprévisible et s’armer de résilience face aux épreuves qui jalonneront sa route.